Concours de projet Jonction autoroutière St-Triphon
2e prix, 2e rang
Publiée le 28-02-2018 à 09:09

Le Service de la mobilité du Canton du Valais vient d'adjuger le concours de projet pour la Jonction autoroutière St-Triphon et a attribué à notre projet le 2e prix, 2e rang pour notre projet "Sixtus" développé avec les architectes Atelier March SA.

Description et conception structurale

La conception structurale des deux ouvrages est basée sur la thématique des ponts poutres avec un système statique continu sur trois appuis dont les efforts sont régis par de la flexion pure sans aucun effet de torsion.

Le pont ferroviaire bénéficie d’un tracé en plan ainsi que d’un profil en long inchangés par rapport aux variantes des études préliminaires ayant servi de base au présent concours de projets. De ces bases, sur la culée côté Ollon, est issue la contrainte d’un gabarit insuffisant (environ 1m) sous les voies de roulement vis-à-vis de la hauteur statique de l’ouvrage, ce qui nous a naturellement amené à envisager des poutres maîtresses inversées. Le système constructif du pont ferroviaire est donc composé de deux poutres métalliques (profils composés-soudés) d’une hauteur de 3.50m pour des portées de 66 m, soit un élancement de 18.85. Des entretoises espacées tous les 3m constituent le système transversal sur lequel prend appui une dalle en bétonarmé avant de recevoir le complexe ferroviaire (étanchéité, ballast, bordures de protection, rails).

Le pont routier + piéton conserve le tracé en plan des études préliminaires mais voit son profil en long changer afin que ses poutres maîtresses, dont la hauteur est identique à celles du pont ferroviaire, soient placées au même niveau que ces dernières pour une meilleure insertion au site des deux ouvrages. Compte tenu de l’importante largeur de l’ouvrage, soit 17.20m, un caisson métallique d’hauteur réduite (1.75m) complète le système porteur longitudinal, dont les portées s’élèvent à 66m et 69m, en bénéficiant de sa mixité avec la dalle en béton-armé. Le système transversal est composé d’entretoises métalliques, espacées tous les 3m, reliant tous les éléments longitudinaux.

Pour les deux ouvrages, les âmes des poutres maîtresses sont ajourées de manière graduelle selon l’amplitude de l’effort tranchant. Les ouvertures sont constituées de losanges de différentes tailles dont les angles sont variables entre 30° pour les parties en travées et 60° pour les zones à proximité des appuis. Ce traitement confère à l’ensemble des ouvrages une légèreté et constituent son identité propre.

Les piles centrales ont été conçues de façon à marquer l’appui ponctuel des éléments longitudinaux tout en étant de forme hydrodynamique compte tenu de leur implantation dans le Rhône. La géométrie des culées reprend la lecture des piles centrales de manière à donner un caractère homogène à l’ouvrage. Toutes les fondations sont constituées de pieux forés d’un diamètre de 120cm compte tenu de la mauvaise qualité globale des sols.

Expression architecturale

Le projet reconnaît la linéarité du paysage marqué par la présence de remblais qui endiguent le cours du Rhône sur de longues distances. Les deux ouvrages projetés proposent de franchir le cours d’eau avec une économie de moyens selon un principe simple ; la poutre sur 3 appuis. La hauteur statique des éléments de rive intègre les variations de niveaux des voies de circulation tout en donnant une image simple et unitaire des ouvrages. Pensés comme des traits d’union entre les deux rives, ces derniers font référence au caractère industriel du lieu et suscitent un imaginaire assimilable aux ponts métalliques de la fin du 19ème siècle.

Réalisés à l’origine en croisillons métalliques rivetés, ils sont remplacés par des âmes métalliques dont l’expression correspond à l’image des lignes de forces parcourant les poutres. Les parties pleines, proches des appuis expriment des efforts plus importants alors que les parties plus ajourées réduisent la matière nécessaire à la viabilité du système. Le recours à la découpe numérique offre dès lors la possibilité d’exprimer un dessin représentatif des efforts statiques de l’ouvrage lui donnant ainsi une forte identité et ancrage dans le paysage avec une construction économique.

L’usage de la couleur et l’intégration d’un éclairage révèlent les perforations le soir venu et dynamisent l’objet en l’inscrivant dans le paysage. Elles lui confèrent un aspect simple, homogène et intemporel.

La mise en oeuvre se veut également simple et rationnelle. Les éléments métalliques seront préfabriqués alors que les culées, fondations et piles centrales seront réalisés sur place. Le béton des appuis, de nature sombre, abstrait la lumière et accentue visuellement la portée de l’ouvrage.